Webmontagne : Meije
 
Sortie du 04/08/2006 : La Meije - Le Récit - Il pleut donc j'écris...
Avec : Guillaume
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Traversée des arêtes de la Meije ou l’alpinisme plaisir…


Voila, cela fait près de trois semaines que j’ai ce projet dans la tête, vous me direz qu’il y en à qui cogitent dessus depuis des années mais bon pour moi l’alpinisme c’est tout frais !

Je l’ai vue pour la première fois de ma vie l’été 2002. Nous étions trois : Aurélien, Rémi et moi partis pour deux semaines d’alpinisme dans le massif des Ecrins. Tout était nouveau pour moi, je faisais confiance à mes partenaires, qui avaient bénéficié de stage UCPA et autres conseils de leurs aînés, pour m’enseigner les premiers cours d’alpi.

Nous voila donc au refuge du Chatelleret en ce début juillet (première nuit en refuge…), Aurélien me dit alors d’apprendre le topo par cœur pour la course du lendemain car je devrais prendre la tête ! Finalement contrairement aux dires de certains je dors très bien dans le refuge et je me réveille avec une envie certaine de réussir ce premier sommet qui sera bien entendu le plus haut atteint jusqu’alors (3325m). On se dirige vers l’attaque et pour cela on part à la frontale assez tôt, et on emprunte un couloir de neige où il faut mettre les crampons (encore une première…), je galère mais j’arrive finalement à suivre mes deux acolytes. Départ de la voie rocheuse : « La pointe des aigles - Arête Ouest » coté D, je m’en sors assez bien et au cours de la voie on alterne les premiers de cordée. On sort au sommet heureux avec une vue magique sur la Meije !

La descente s’effectue alors avec quelques rappels que l’on ne manque pas d’emmêler et un passage sur un glacier où ce fut le drame… Un de mes crampons me lâche et je glisse sur une centaine de mètres avant de me retourner et utiliser mon piolet…durant ma glissade je heurterai un caillou qui me causera des soucis au genou…grosse frayeur pour Aurélien et Rémi. La blessure étant encore chaude je décide de continuer jusqu’au refuge du Promontoire. La suite de notre projet étant de faire le Râteau le lendemain. J’arrive au refuge où je retrouve mon cousin Thierry ! Il doit faire la même ascension que nous le lendemain ! Mais je ne serai pas de la partie, mon genou m’empêche de marcher correctement. Après une pommade prêtée par la gardienne, je me couche en ayant décider que je redescendrai demain à la Bérarde à pied plutôt qu’en hélicoptère.

Finalement ce sera du mauvais temps le reste de la semaine… Les Ecrins et la Meije venaient de me donner le ton : « Prends de l’expérience et reviens vite ! »


Début juillet 2006, j’en parle à Rémi, mais cela ne le bote pas du tout… (Mais bon il a ses raisons : il part au Chili mi-juillet et Pauline, sa copine le freine un peu dans ses projets d’alpinisme… mais cela ne nous regarde pas !). Ayant rencontré Guillaume récemment, je lui en parle et il se trouve que lui aussi cherche quelqu’un pour faire cette course de difficulté plutôt réduite et qui n’attire pas ces collègues grimpeurs. On planifie donc l’ascension pour le 12 juillet 2006 avec comme but de dormir au sommet du Grand pic de la Meije, voila le trip est lancé, il nous faut désormais un créneau météo… le 12 juillet, la tentative sera avortée pour cause de mauvais temps le restant de la semaine. On fera tout de même une belle croix au Pic Sans Nom : « Aurore Nucléaire » (TA TD+ 500m). On repousse donc à la semaine prochaine.

Le mardi 18 juillet, on se donne rendez vous à 6h30 au centre ville de Grenoble pour se rendre à la Grave et prendre la première benne du téléphérique nous évitant ainsi un bon dénivelé. Sur la route c’est la folie du Tour de France, les flics sont déposés tout le long de la route montant à la Grave, on suit alors le cortège…

On s’arrête donc au premier tronçon, pour prendre le sentier qui monte à la Brèche de la Meije par les Enfetchores. On suit les cairns et autres indications (rocher patiné) et on arrive rapidement au glacier. On a pu faire cette course devant le reste du monde montant aussi par cet itinéraire, un peu de recherche d’itinéraire mais rien de méchant ! Avec quand même un instant où nous avons pris un raccourci plein gaz dans la face…
On passe la rimaye avant la brèche, crapahute dans le rocher délité et on redescend de l’autre coté sans tirer de rappel, c’est du rocher pourri, on fait donc attention. On atteint le Glacier et descendons rejoindre le refuge du Promontoire avec pour ma part la perte de mes lunettes dans la neige et un demi tour pour les rechercher…

On se pose au refuge. Il doit être 14h00. On avait l’intention de faire une voie près du refuge mais le temps se gâte, on entend l’orage au loin… Le gardien veut savoir si on dort ici ce soir, Guillaume ne sait pas encore, il souhaitait bivouaquer près du refuge, mais si le temps ne s’améliore pas, il sera obligé de prendre une couchette. Le ton monte un peu, le gardien veut savoir rapidement le nombre de personnes qui dormiront ici cette nuit… Guillaume en apercevant les premières gouttes réserve finalement sa place. Il est 15h00 quand je monte me coucher dans le dortoir.

Je dors toute l’après midi et à 19h00, descends dans la salle commune pour dîner, on se fait nos pâtes pendant que les futurs « Meijistes » se font servir un festin. Après le dîner on lit les magazines alpins du refuge. Un américain vient me voir et me demande si c’est moi qui me suis installé sur telle couchette. Je lui réponds que oui dans mon anglais plus que moyen ! Et essaye de lui dire que j’y ai dormi toute l’après midi et souhaiterais donc conserver cette couchette. Guillaume à coté de moi commence à répondre à l’individu anglophone dans un anglais parfait (normal, il a passé pas mal de temps en Angleterre) et lui dit sur un ton sarcastique qu’il y a d’autres couchettes dans le refuge et qu’il peut s’y installer… l’Américain lui répond que non et qu’il veut sa couchette ! Ok pas de problème pour moi j’irai voir ailleurs. Je monte me coucher peu après 21h00. On a décidé avec Guillaume de se lever demain vers 8h00 pour partir tranquilles en direction du sommet de la Meije vers 9h00. On fera donc tout de jour et on essayera de prendre une variante « L’arête de la convention ».

Guillaume, vient se pieuter vers 22h00 après avoir fait fondre de la neige, il monte se coucher près d’un autre américain. Il faut alors préciser que ça pue dans le dortoir et que la puanteur provient de l’américain couché près de Guillaume ! Pas de chance il ronfle en plus… Guillaume commence alors à le taper pour le réveiller et ainsi l’arrêter de ronfler. C’est alors que après quelques coups, il se réveille et commence à l’engueuller : « fuck you… ». Guillaume chaud comme la braise fait de même en lui disant en anglais : « Tu ronfles, m’empêche de dormir et en plus tu pues, alors tant que tu ronfleras je te frapperais, te frapperais, te frapperais… ». Ainsi s’arrête le conflit et on n'entendra plus de ronflements de la nuit…

On sort du dortoir vers 8h00 et on passe devant les gardiens en leur disant bonjour, ils ne sont pas super heureux de nous voir, après réflexion on pense qu’ils aiment bien avoir leurs moments d’intimité seuls dans le refuge le matin lorsque tout le monde est parti. On déjeune et préparons les sacs. Guillaume s’aperçoit alors qu’il a oublié sa paire de chaussons dans ma voiture, la voie de la veille n’aurait sûrement pas pu se faire ! Après le passage d’un hélicoptère au refuge, nous partons. Il est 9h30.

C’est moi qui pars en tête (on tire souvent à pile ou face pour choisir certaines actions). La recherche d’itinéraire commence rapidement et c’est ainsi que nous arrivons au pied de notre variante : « L’arête de la convention » 200m de rocher terrain d’aventure coté D avec un passage de V. Le gardien nous avait dit la veille que la voie était bien pitonnée, on verra un seul piton sur 200m.

Après quelques longueurs en bon IV peu protégeable et un rocher un peu branlant, on arrive près du supposé passage en V, Guillaume part alors en « grosses » dans une fissure bien raide et à protéger entièrement, cela ressemble grave à du VI. Et à bout, il redescend sur un « friends » en me disant d’essayer. Je pars également en « grosses » avec le sac de « ouf, » arrive à passer au-dessus de son « friends » et essaye d’en placer un autre, putain il ne tient pas, paniqué je redescends sur le fameux « friends ». Il est donc décidé que Guillaume tente la longueur avec mes chaussons et sans sac. Il passe le pas délicat et traverse à gauche et fais un relais sur l’arête. Il hisse les deux sacs et crève au passage son matelas de sol. Je pars alors en second dans la longueur toujours sans chausson, je lutte mais arrive finalement à passer. On part alors en corde tendue vers le rappel qui nous fera rejoindre la voie normale. Gros « fourvoyage » donc dans cette petite variante mais nous voila bien chauds pour torcher la suite qui sera bien plus facile techniquement.

On passe les passages mythiques tous appelés d’un certain nom : « Dalle Castelnau » « Dos d'Ane »... Sous le glacier Carré cela ruisselle beaucoup, forcément en plein après-midi, la neige elle fond ! On fait une erreur d’itinéraire près de la dalle des Autrichiens mais on enchaîne bien en réversible et corde tendue. On fait une pause au-dessus du glacier carré pour faire fondre de la neige, et on finit l’ascension dans les nuages. Il est 20h00 quand nous arrivons au sommet, on est fièrs, heureux et en plus on prend place à 3982m pour bivouaquer, la classe ! Guillaume m’apprend que c’est le jour de son anniversaire, il a 27 ans au sommet de la Meije, il y a pire comme endroit pour fêter ça… Je m’empresse de téléphoner à mon cousin Thierry, qui a fait l’ascension l’an passé pour lui dire que nous on dort au sommet ! (Lui ayant dormi au glacier carré). Il m’apprend qu’en cherchant bien on doit trouver des matelas de sol et duvet cachés sous des rochers. Guillaume n’en croit pas ses oreilles et me demande si il n’y aurait pas de l’alcool aussi. On cherche et effectivement dans une housse hermétique (pas tant que ça), on trouve des matelas et duvet, on prend 5 matelas de sol chacun et on file installer chacun son bivouac. On mange de la purée, j’écris quelques SMS, c’est fou SFR qui passe…et on se pieute. Un ciel dégagé dans la nuit et des étoiles filantes.

On se fait réveiller le matin vers 6h30 par une cordée ayant dormi au glacier carré… On prend notre petit dej et on découvre qu’un des deux grimpeurs de la cordée s’appelle Alexandre Chibane, c’est un collègue d’Aurélien avec qui il grimpe depuis début juillet à Chamonix. Le monde est petit et encore plus au sommet de la Meije où l’on fait nos sacs et rangeons les matelas de sol. Une autre cordée arrive du Glacier carré ainsi qu’une autre avec un guide venant du Promontoire.
- Le guide dit tout haut en arrivant au sommet : « Qui a tourné la vierge ? Ca doit encore être un guide de la Bérarde… »
- Guillaume lui répond : « Non c’est nous hier soir ! »
- Le guide lui dit : « Elle doit être tournée du coté de la Grave »
- Guillaume finit la conversation en disant : « Nous on est en montagne, on ne pense pas a des futilités de ce genre… »

Finalement le guide sera bien sympa tout au long de la traversée malgré ce petit incident !

On fait les rappels du Grand Pic, et commençons la traversée d’arêtes, un petit embouteillage au niveau des câbles près de la brèche Zsigmondy, où le guide et son client nous doublent, mais son client a du mal à gérer l’assurage dans ce passage, Guillaume et moi l’aidons à enlever certains points d’assurages trop hauts pour lui. Il nous promet alors une bière au refuge de l’Aigle pour cette aide salutaire… Ce n’est pas passé dans l’oreille d’un sourd ! Puis vient le passage de la goulotte en glace où je laisse Guillaume passer en tête car ce sont mes premiers cramponnages en glace.

Ensuite on reprend en corde tendue et réversible l’arête en bon rocher où il fait bon se déplacer avec du gaz en face sud, c’est agréable et les conditions sont au top. On en profite vraiment et on arrive au Doigt de Dieu, fin de cette traversée. On tire quelques rappels pour rejoindre le Glacier et rejoignons le refuge de l’Aigle vers 14h00 où le client (Pour qui c’était sa deuxième course d’alpinisme) nous paye à moi un coca et un café à Guillaume.

On fait donc une bonne pause et puis prenons le départ de cette descente de 1800m jusqu’aux vertes prairies. Durant la descente on rattrape Alexandre et son collègue Manu avec qui on discute. La descente se fait finalement en 2h00 à un rythme normal. Manu et moi nous faisons prendre en stop par des locaux qui font un petit détour pour nous déposer à la Grave (Ils devaient nous laisser initialement au niveau de la route nationale). Alexandre qui devait rentrer en bus, prend la voiture avec nous pour aller à Grenoble. Sur la route, dernier épisode by Guillaume qui voit sur l’autoroute la copine de son frère dans sa 205 blanche. Il me demande de maintenir ma vitesse pour lui parler. Elle lui dit qu’elle va à la Gare chercher une copine, Guillaume montera dans sa voiture en arrivant à Grenoble pour faire un bout de route avec elle. Je dépose Alexandre chez lui, et rentre me garer devant chez moi au centre ville. Guillaume arrivera un peu plus tard pour récupérer ses affaires.

Voila on est Meijiste, mais avec encore plein d’autres projets dans la tête.

Vos commentaires :
15/08/2006 [16:32] : Pauline
Quand je pense que cet espace commentaire a été créé spécialement pour moi... il faut que je l'utilise! Merci webmaster ;-)
Bon alors comment ça je freine Rémi dans ses projets d'alpinisme? Ok je l'admets je l'ai un peu accaparé avant qu'il parte... Mais peut être que le principal intéressé peut dire si je l'ai vraiment freiné ? ;-)
En tout cas c'est sympa d'avoir la partie récit aussi, c'est un bon complément des photos... on sent l'ambiance (finalement on est moins embêté en bivouac qu'en refuge! ;-)).

22/08/2006 [19:40] : Rémi
Guillaume a raison, tu m'as freiné dans mes projets d'alpinisme, j'ai fait moins de montagne mais je le regrette pas ! Par contre, la Meije, c'est un truc qui me fait peur depuis le début et j'ai jamais été partant pour le faire, je ne serais de toute facon pas allé avec lui et je suis super content qu'il est trouvé un homonyme pour le faire. Par contre j'ai encore plein de projets ac Guillaume et l'"oiseau de feu" j'aimerais bien le faire ac lui à mon retour, à bon entendeur salut !
07/01/2012 [18:04] : coocooroucoucoupaloma
ben c'est too good yes
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